Chez MissCycy...
 


Chroniques Marchombre

 


Un goût amer se répandit dans sa bouche. Un liquide chaud coulait le long de son menton, avant de goûter sur sa main. Inerte, la marchombre gisait sur le sol, là où un coup d’une puissance extraordinaire l’avait projetée. Peu à peu, elle reprit ses esprits. Le combat avait duré trop longtemps. Elle n’avait pas réussi à maintenir son adversaire suffisamment éloigné pour parer les coups destructeurs et rapides du mercenaire. C’était la première foi qu’elle en rencontrait un. Son maître lui avait pourtant appris à s’en méfier mais son orgueil et sa curiosité avaient pris le dessus. Ce fut donc pendant la seule matinée qu’elle avait de libre qu’elle avait décidé de se mesurer à une de ces machines à tuer. Son maître, célèbre et respecté parmi la guilde pour être un marchombre de souche pure, lui avait dit la veille qu’elle n’était pas encore prête. Elle ne l’avait pas cru.
Le chuintement glacé du sabre que l’on sort de son étui lui fit retrouver ses moyens en une seconde. Sans tressaillir, tous ses sens se remirent en alerte. Elle pouvait sentir le goût entêtant du sang dans sa bouche, l’odeur d’urine et de pourriture de la ruelle sombre et humide, et le bruit du souffle court du mercenaire. Elle y perçu quelque chose comme de l’exaltation. Au moment où son bourreau fondit sur elle pour achever son travail de mort, la jeune femme bondit et se plaqua lourdement contre le corps de son agresseur. Le choc fut rude mais l’effet de surprise était là. Les yeux noisette, cernés de noir du mercenaire, s’écarquillèrent de stupeur. Corps contre corps, le guerrier ne sentit pas tout de suite la lame acérée qui lui transperçait les entrailles. Il eut juste le temps d’abaisser ses yeux pour voir que sa proie, cette apprentie marchombre ridicule, s’était empalé volontairement sur sa lame jusqu’à la garde. Avec sa main elle avait empoigné l’arme, la guidant en elle là où elle savait les dégâts non mortels, dans l’abdomen. Ainsi plaquée contre son adversaire, elle n’avait eut qu’à dégainer son poignard pour l’enfoncer dans la chair, coup imparable et mortel.
Alors que le mercenaire s’effondrait, mort avant de toucher le sol, l’apprentie marchombre se dégagea douloureusement, et sans une grimace, elle retira la lame mordante de son corps. Exténuée et gravement blessée, elle s’assit le long du mur de pierres froides, et respira profondément. Elle essuya de sa main le sang qui coulait de ses lèvres avant de commencer ses soins les plus urgents.
A quelques maisons de là, une silhouette quasi invisible observait la scène. Lorsque la marchombre sentit sa présence et tourna la tête dans sa direction, il ne restait là qu’une mince écharpe de brume, lentement dispersée par le vent.
« Bientôt, elle sera prête. »

 

   




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